Precilla N. 09/07/2021

3/4 Insta, ma vitrine pour coiffer

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Precilla a trouvé un moyen de se faire de l’argent : coiffer via les réseaux et le bouche-à-oreille. Un petit business qui rapporte !

Le 29 décembre 2011, dix ans en arrière, le jour de la mort de mon père, c’est le début d’une autre histoire. Ma mère assurait comme elle pouvait, je ne lui en voulais pas… J’ai décidé d’avoir mon argent de poche.

Je n’avais pas de besoins extravagants. Mais au collège, en quatrième, certaines de mes amies avaient de nouvelles paires, de nouveaux vêtements… Moi, ce n’était pas toujours le cas. Les entendre me dire que je n’étais pas à la « page » ou à la mode, ça me faisait mal. Je n’ai pas subi de moquerie particulière, mais je savais que je n’avais pas leur niveau. Je me suis donc décidée à créer mon propre argent.

En vacances, je peux y passer toute la semaine

Ma coiffeuse, c’était ma tante, mais elle était enceinte. Alors, un jour, je me suis coiffée toute seule. Mon résultat était top ! J’ai donc coiffé mes sœurs, ma mère et ma mamie. Après un certain moment d’entraînement, j’ai décidé de coiffer des inconnues. Je me suis spécialisée sur les cheveux crépus : fausses locks, braids, knotless, etc.

Comme j’avais des potes qui me soutenaient, j’ai publié mes prestations sur les réseaux. D’autres personnes étaient intéressées par mon taff, j’ai commencé à avoir plusieurs clientes. Aujourd’hui, je peux gagner 35 euros par jour ! Quand je suis en vacances, je peux y passer toute la semaine, avec deux jours de repos. Une tête par jour, c’est environ sept heures. Ma mère me soutient dans ce que je fais mais me dit de ne pas passer mon temps sur l’argent, que je pense aussi à mes études.

Mais tout n’est jamais rose… Une fois, j’ai eu une cliente, je n’avais pas fini ma prestation et elle m’a dit : « En fait c’était pas ce que je voulais, je vais partir. » Je me suis sentie tellement mal. Je me suis dit que j’allais arrêter ce business, que finalement ce n’était pas pour moi.

Série 4/4 – À 16 ans, Mamady sous-loue le compte Uber Eats d’un ami majeur pour pouvoir travailler. D’être débrouillard, ça le rend fier.

Capture d'écran de l'illustration « J'ai sous-loué un compte Uber Eats ». En haut de l'image, deux vignettes montre une personne traverser la ville à vélo. Sur la vignette en dessous, une personne est de profil sur un scooter.

Quelque temps après, vu que je me coiffais toute seule, on m’a demandé la même coiffure que celle que j’avais sur moi. Les gens aimaient quand même mon travail ! Je m’étais peut-être améliorée ?

Je ne manque jamais d’argent à présent

Ma sœur m’a encouragée à reprendre notre page de coiffure sur Instagram, @nana2luxes_, qu’on avait complètement abandonnée. Elle aussi coiffait. J’ai hésité pendant un bon moment et, finalement, je me suis dit « pourquoi pas ».

Depuis, je vois de bons résultats. Je ne manque jamais d’argent à présent. Les clientes sont régulières.  Ce n’est pas un grand budget mais, avec des économies, je peux avoir une bonne somme en moins de trois mois. Grâce à cet argent, je peux acheter les choses qui me manquaient : des vêtements de mon choix et des paires de chaussures.

Precilla, 16 ans, lycéenne, Meudon-la-Forêt

Illustration © Merieme Mesfioui (@durga.maya)

 

Le travail des mineur·e·s

Travailler oui, mais sous conditions

Le travail des mineur·e·s est très encadré. Il est possible de travailler à partir de 16 ans (en CDI, CDD ou contrat temporaire) en ayant l’autorisation de son ou sa représentant·e légal·e. En dessous de cet âge, il faut exercer dans des secteurs spécifiques (métiers du spectacle, du cinéma…) et sous des conditions très strictes pour que cela soit légal.

Dans quels secteurs postuler ?

Pour travailler à côté de ses études en étant mineur·e et ne disposant pas de compétence particulière, il est plus facile de postuler dans ces secteurs : baby-sitting, soutien scolaire, garde et/ou la promenade d’animaux, animation ou encore dépannage informatique. Des domaines diversifiés… mais qui restent restreints et rapportent souvent peu. Les employeurs·euses restent cependant souvent réticent·e·s à l’idée d’embaucher en dessous de la majorité.

Internet offre une plus grande liberté

Pour contourner ces « contraintes » légales, des jeunes préfèrent utiliser les réseaux et les applis pour se faire de l’argent facilement. Moins contrôlées, ces plateformes leur offrent une plus grande liberté. Influenceurs·euses, livreurs·euses, reselleurs·euses… Ces métiers leurs permettent de gérer leur argent et leur emploi du temps en fonction de leurs besoins.

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