Les heures de colle étaient ma routine
Je savais que l’école n’était pas faite pour moi. Je détestais étudier. Mais j’aimais une chose : les journées que je passais avec mes potes. On passait notre temps à faire des bêtises et j’adorais ça. Je n’en manquais pas une.
Dès l’année de sixième, j’ai commencé à avoir de grosses difficultés. Il n’y avait pas une matière où j’avais plus de 10. L’école était un enfer pour moi.
Je voulais me venger de l’école
À partir de la cinquième, là, plus rien n’allait. J’étais insolent avec les profs, on traînait dans les couloirs avec mes potes et quand les salles de classe étaient ouvertes, on faisait n’importe quoi. On écrivait sur le tableau, on renversait les chaises, les tables… Je me rappelle qu’une fois, avec quelques potes, on a décidé de faire une bataille de stylos en maths. La prof a pété un câble et nous a mis dehors.
J’enchaînais les heures de colle. Je devais avoir 2, 3 pages remplies dans mon carnet. Mon comportement influençait beaucoup mes camarades. Quand quelqu’un faisait une bêtise, je prenais pour les autres. Pour les profs, c’était toujours ma faute. Donc, je passais toute ma haine sur eux. En plus, les cours étaient trop chiants et trop longs. Tout ça me poussait à me venger.
Je n’avais vraiment pas peur des conséquences. Le collège ne prévenait pas tout le temps les parents et je ne leur montrais pas mon carnet. Mais ils voyaient mes notes, et que ça n’allait pas. Ils essayaient de m’encourager, mais je m’en fichais.
Au lycée, rebelote !
Jamais je n’aurais pensé avoir le brevet. Mais le confinement m’a sauvé. Je l’ai eu en trichant, en allant sur internet.
L’année de la seconde, je pensais que tout changerait, que le lycée me ferait aimer l’école. Le premier jour de la rentrée, je connaissais déjà ma classe. J’étais avec tous mes potes. Et mon prof principal avait l’air cool.
Les premières semaines, tout se passait bien. Je faisais mes devoirs, je travaillais un minimum. Mais plus on avançait, plus je me déconcentrais. Je bavardais beaucoup. Puis j’ai recommencé à sécher et à entrer en conflit avec certains profs.
En décembre, j’ai eu rendez-vous avec la CPE. Elle m’a clairement expliqué que si je continuais comme ça, j’aurais des difficultés l’année suivante. Bien sûr, je n’ai pas pris en compte ce qu’elle m’a dit. Puis, avec le nouveau confinement, qui a duré à peu près un mois, je pensais que cela m’aiderait comme l’année précédente. Mais non : je ne travaillais même pas et je sortais tous les jours.
Menacé d’être isolé
J’ai fini avec quatre-vingt-cinq heures d’absence et un bulletin complètement éclaté au sol. Je me suis fait convoquer par la proviseure adjointe. J’avais deux possibilités pour l’année suivante : soit j’allais en pro, et j’étais sûr de changer de lycée, soit je revoyais tout le programme de seconde pendant l’été pour intégrer la filière STMG.
Je ne voulais pas changer de lycée parce que je ne voulais pas retourner dans un environnement où j’étais tout seul. Alors, j’ai revu tout mon programme de seconde pendant les grandes vacances. Je bossais entre une heure et une heure trente par jour. Je faisais du sport pour me vider de mon énergie. Ça m’a beaucoup aidé.
J’ai appris à aimer l’école
Me voilà maintenant en première STMG, et j’aime l’école. J’excelle dans les trois matières technologiques : management, droit, et économie et gestion. Je n’ai aucune heure d’absence (à part les fois où j’ai été malade) et je n’ai vraiment plus de problème avec les profs. Je trouve que les profs en STMG sont plus posés. Ils savent écouter les élèves.
Katzura a la sensation que sa vie se résume à des notes. Sous pression, elle étouffe d’être évaluée en permanence. Un extrait de notre série sur la pression à l’école.
Là, c’est ma première année où tout se passe bien. Ça me fait bizarre de passer d’élève turbulent à élève complètement calme. C’est vraiment mon comportement qui a détruit mes années scolaires. Parce qu’il y a des jours où je n’ai pas forcément envie d’aller au lycée, mais ce n’est pas pour autant que je redeviens l’élève que j’étais avant. Je travaille énormément pour parfaire mon année, pour être fier. Maintenant, je sais que je peux réussir.
Enzo, 16 ans, lycéen, Paris
Crédit photo Pexels // CC Lad Fury