Myriam S. 02/02/2022

On a fui la Syrie pour trouver le racisme en France

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Le père de Myriam a fui la guerre en Syrie pour assurer à sa famille un meilleur avenir. Mais, ici, il s’est retrouvé confronté au racisme.

Mon père est arrivé en France tout seul, en avion, pour fuir la guerre en Syrie. Il est resté un an dans une petite commune près d’Aix-en-Provence. Le temps de faire tous les papiers et de pouvoir nous faire monter, ma mère, mon frère et moi.

Je suis donc arrivée ici il y a cinq ans, lorsque j’en avais 10. En Syrie, mon père avait son entreprise dans la pose de carrelage. En France, il a cherché partout du travail, et il a vraiment galéré à trouver. Personne ne voulait l’embaucher parce que c’était un Arabe.

Ses collègues se moquaient de son français

Il a fini par travailler dans un Netto, une chaîne de supermarchés. Mais le personnel du magasin lui donnait les tâches les plus difficiles, en sachant qu’il avait des problèmes avec son bras… Il avait eu une fracture à force de porter des charges lourdes.

Un jour, il s’est disputé avec une collègue parce qu’il trouvait qu’elle lui manquait de respect, lui parlait mal et lui donnait des ordres comme s’il était son chien. Cette collègue est donc allée voir le directeur du magasin en assurant que c’était mon père qui s’était énervé le premier. Et vu que personne n’était de son côté dans le magasin à cause de sa couleur de peau, il a été licencié.

Mais bon, mon père s’en fichait car il en avait vraiment marre de travailler là-bas. Étant donné qu’il ne parlait pas très bien français, tous ses collègues se moquaient de lui. Ça me faisait tellement mal au cœur de l’entendre raconter ça. Il a quitté son travail et son pays parce que la guerre l’a obligé. Il est venu ici pour nous sauver la vie et pour qu’on ne vive pas cachés dans la peur, pour qu’on ait un meilleur avenir. Et, au final, il se fait traiter comme une merde.

Les Arabes ont une mauvaise image

Depuis, hamdoullah, il a trouvé un CDI de magasinier dans une autre commune de la région. Mais tous les soirs, quand on passe à table, il continue à nous raconter ce qu’il s’est passé dans sa journée. Et je vois dans ses yeux la tristesse. Je sais qu’il aurait préféré rester dans son pays. Il a fait un choix vraiment difficile en venant ici. Ça me touche, parce que ce choix, il l’a fait pour mon frère et moi.

Tout comme le père de Myriam, Cathy est quotidiennement victime de racisme du fait de ses origines vietnamiennes.

Une jeune femme dans l'ombre, la tête baissée et les bras sur les hanches, est éclairée par une lumière jaune face à elle.

C’est pour ça que, tous les soirs, il nous répète qu’il faut travailler et être riches. Parce qu’il a fait tout ça pour nous. Et parce que, comme ça, plus tard, on pourra avoir notre propre entreprise, et on ne sera pas obligés de travailler pour d’autres gens qui nous méprisent. Moi, plus tard, j’aimerais bien être ophtalmologue. C’est mon souhait depuis que je suis petite.

Mais, en France, les Arabes ont une image de voleurs, tueurs, menteurs… Vu qu’on est d’une autre origine, on porte une mauvaise image. J’ai déjà vécu des regards racistes dans la rue. J’ai un très gros caractère donc je ne me laisse pas marcher dessus. Mais ça me fait très mal pour mon petit frère. Il a 3 ans, il est né ici lui. Mais, plus tard, il aura lui aussi cette mauvaise image parce qu’il est arabe.

Myriam, 15 ans, lycéenne, Gardanne

Crédit photo Pexels // CC Delcho Dichev

 

Le harcèlement discriminatoire

C’est quoi ?

C’est un délit. Il s’agit de porter atteinte à la dignité d’une personne avec laquelle on travaille, de créer un environnement intimidant, hostile ou humiliant, en raison d’une des caractéristiques de la victime. Même si ce comportement n’est pas répété, c’est du harcèlement.

Le racisme en est la première cause

Selon le Défenseur des droits, l’origine et la couleur de peau de la victime sont les premiers facteurs de harcèlement discriminatoire.

Il est encouragé par notre système

Ce phénomène est très présent en entreprise, en partie parce que notre système productiviste encourage à voir son ou sa collègue comme un·e concurrent·e, et pousse donc à le ou la rabaisser. 42 % des actifs·ves déclarent avoir déjà été témoins de harcèlement discriminatoire sur leur lieu de travail, et un·e employé·e sur quatre en est victime.

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