Au lycée, mon abaya dérange
Vêtues d’une robe traditionnelle, mes copines et moi passons la porte de la classe. On est cinq. J’ai l’impression qu’on a tué quelqu’un de la famille de notre professeur tellement il nous regarde mal. Il nous dit qu’on vient trop avec des longues robes, puis nous fait un débat pendant les deux heures de cours sur le fait qu’« on manifeste notre religion ». Je lui demande : « Si mon amie chrétienne porte une abaya, est-ce que ce serait un problème ? » Il dit : « À elle, on ne va rien lui dire car elle n’a pas l’intention. » 15 avril 2022. Noyée dans les sourires de mes sœurs, la fierté de mon père et l’espoir de ma mère, je passe le cap ! Le cap du voile.
16 avril, 8h55. Devant le portail de mon lycée, j’enlève mon épingle, je baisse mon voile, j’enlève mon bonnet. Je ne suis plus voilée, je redeviens la fille sans bonheur et remplie de noirceur. Une semaine après, j’ai ma première abaya, verte : cette robe culturelle définie comme une robe religieuse par l’État. Heureuse, je décide de la porter au lycée. 8h30. Sur le trajet de l’école, une boule au ventre m’envahit. J’ai une question dans ma tête. Les abayas, c’est autorisé à l’école ?
« Je me croirais dans une mosquée »
J’entre dans les couloirs du lycée. Regards insistants et perçants des professeurs. Les centaines de pas que j’effectue dans ce couloir me donnent l’impression d’être un animal sauvage lâché dans la nature. Leurs regards ne me touchent pas, je suis juste intriguée. Je suis au lycée pour étudier, et libre de m’habiller comme je le veux. Jamais je n’aurais pensé que ma vie allait prendre un tournant. Ma scolarité 2021-2022, je la résume en un mot : ÉPROUVANTE.
Juin 2022, à la une des journaux et des médias, la France catégorise les filles lycéennes voilées comme des menaces, disant qu’il y en a beaucoup qui portent des robes religieuses, les abayas. Ils ne comprennent pas que ce n’est pas une robe religieuse, mais traditionnelle. Je la porte car je me sens à l’aise dedans. C’est une tenue longue, qu’on peut mettre en évidence avec des accessoires : gilet, ceinture… Quand mes copines ont porté ça, je me suis dit que c’était beau. Dans ma famille, mes sœurs la portent aussi parfois.
Au lycée, ce ne sont plus de simples regards, mais des réflexions. Ma professeure de français : « Ooooh que c’est long aujourd’hui. » Ma réponse ? Le silence. Puis, l’après-midi, mon autre professeur : « Je me croirais dans une mosquée, c’est aberrant. » Ma réponse ? Encore une fois, le silence. Je sais que si je réponds, ma scolarité sera en péril. Je suis déçue que certains de mes professeurs appréciés changent de comportement. Au début, je me dis que j’abuse et que j’en fais tout un plat, mais je finis par être dégoûtée. Dégoûtée qu’on soit jugées et méprisées pour notre tenue vestimentaire, alors qu’on est venues à l’école pour étudier.
Nos tenues scrutées
Toute notre scolarité, on nous a interdit de mettre des couvre-chefs à l’intérieur de l’établissement, et on le respecte. Mais jamais je n’aurais pensé que, dans la cour, ça allait être un énorme problème. La CPE demande toujours à certaines filles d’enlever leur capuche. Au début, on ne comprend pas pourquoi. On est dans notre droit. Quand on apprend que c’est pour voir si on porte le voile dessous, on est abasourdies et choquées. Il y a aussi l’histoire du kimono. Ça m’a fait « rire », ça devenait tellement absurde…
Ce jour-là, ma copine se dit qu’elle va faire un effort, qu’elle va venir en jean et… en kimono. Dans le couloir, elle va toute contente voir le prof pour lui dire : « Ah monsieur, regardez, là j’ai fait un effort, c’est pas très très long. » Lui, répond : « Oui en effet, ça va, mais… tu te fous de moi ? C’est quand même un habit religieux. » Elle va voir la CPE et lui explique. Le professeur veut lui mettre un rapport, qui est refusé par la CPE pour une raison non valable qui est… « manteau long ». Il est déçu, on est contentes.
Cette école que j’aimais tant
Cette ambiance me démoralise… Pour moi, les notes et le comportement sont primordiaux au lycée. En classe, je suis une élève participante et investie. Après tous ces événements, je n’ai plus de motivation pour aller au lycée, malgré le bac. Je ne participe plus. Au troisième trimestre, je ne viens plus en cours le matin, mais je les rattrape. Mes notes baissent. Je passe de 13-14 de moyenne en bio à 6-7, entre le deuxième et le troisième trimestre, ça pique ! En classe ST2S, c’est la matière principale.
Nas a quitté ses crop tops pour porter le voile. Depuis, elle sent le poids des regards sur elle. Elle a du mal à comprendre ce qui dérange. Un épisode de notre série « Nos foulards, leurs regards ».
Au conseil de classe, coup de massue : « mise en garde de comportement ». Une semaine après, mon bulletin scolaire arrive. L’espoir de ma mère, la fierté de mon père et les sourires de mes sœurs accumulés pendant des mois disparaissent en une journée. Ils sont juste déçus, comme moi. Je suis en rage. Mes professeurs qui m’ont fait des remarques ont mis dans leurs appréciations : « tenue trop longue qui ne respecte pas le code du travail professionnel ». Je me suis dit que mes études supérieures allaient être compliquées, car les appréciations et les notes sont les éléments clés de mon avenir.
Cette année de terminale, je ne loupe plus les cours. Je me dis : « Ils ne vont pas changer, ils sont comme ça. » C’est devenu une habitude. Je ne lève plus la main, par peur d’être encore persécutée. Si aujourd’hui, on n’a pas notre bac, ce sera à cause de mes professeurs. De mon point de vue personnel, j’ai eu la confirmation, le regret, la rage, la peine de constater qu’ils sont islamophobes. Pendant une année scolaire, on a été éprouvées et pas libres. On veut juste être à l’école pour étudier et apprendre. Je prie pour terminer mon année en paix avec l’obtention de mon bac. Je pourrais, enfin, porter le voile de ma réussite.
Fatima, 18 ans, lycéenne, Hauts-de-Seine
Crédit photo Pexels // CC RODNAE Productions
C’est juste une robe. Culturelle. Une robe.
Que les enseignants soient fermés sur le sujet, certes, que ce ne soit pas normal, éventuellement. Enfin, les faits sont là : apparemment, le fait de porter cette robe va discriminer la jeune fille pour ses études supérieures (mauvais commentaires sur les bulletins, tout ça tout ça).
Donc, c’est a elle de choisir l’état d’esprit dans lequel elle veut être :
Soit elle décide que le fait de porter cette robe est plus important que d’avoir son bac et de réussir ses études. Et elle se place en victime « ouin ouin c’est a cause des profs si je n’ai pas le bac »
Soit elle se dit que ce n’est qu’une robe, que c’est plus important de réussir ses études que de porter ce vêtement, et elle met autre chose.
C’est comme si vous vouliez bosser a l’Elysee avec une crête rouge. Une crête que vous adorez, que vos parents portent car ils sont punis eux aussi. C’est a vous de choisir si c’est plus important de porter une coupe de cheveux, ou de réaliser votre rêve professionnel. C’est VOTRE choix.
Ces témoignages sont affligeants et montrent qu’il y a une sorte de chasse aux sorcières toujours envers la même communauté.
En tant qu’association nous vous recommandons de faire notifier par écrit l’interdiction de porter cette robe qui n’a rien de religieux mais qui est un vêtement culturel . Ensuite, saisir le rectorat qui fera sûrement la sourde oreille ou le défenseur des droits. Avec mon association 1mondepour2mains nous pouvons vous aider.
J’ai vécu la même choses j’en ai vraiment marre. Je me demande si ça va changer. Pourtant, la laïcité c’est le vivre ensemble pas que tout le monde doit se cacher, c’est limite que j’ai peur qu’on sache que je suis voilée. Pourtant là lois dit à ce sujet « La laïcité garantit aux croyants et aux non-croyants le même droit à la liberté d’expression de leurs croyances ou convictions. Elle assure aussi bien le droit d’avoir ou de ne pas avoir de religion, d’en changer ou de ne plus en avoir. » mais entre ces lois et ce qui ce passe y’a rien avoir on a aucune liberté d’expression de nos croyance car chacun a ça propre manière de l’exprimer par exemple moi c’est avec mon voile ! Et dire qu’il font passer notre religion pour une religion sans liberté mais en vérité c’est eux.