Parcoursup : la compétition est devenue une obsession
On m’avait présenté Parcoursup comme la finalité du lycée, qui décidera de mon avenir, de là où j’irai plus tard. C’est un système qui considère les élèves comme des pions. Il suffit de choisir l’élève au dossier le plus parfait plutôt que de comprendre plus précisément la personnalité de chacun.
Mais comment ce système fonctionne-t-il ? J’ai appris que cette plateforme prenait en compte non seulement la moyenne des élèves, mais aussi le classement entre eux. Depuis, le classement est devenu mon obsession.
Avec le contrôle continu, toutes les notes comptent pour mon dossier. À chaque contrôle, j’ai le stress permanent de voir mon classement baisser, même d’une seule place. J’ai vraiment l’impression de devoir être première dans le plus de matières possibles pour que mon dossier soit convenable, et pour qu’une école puisse me recruter. Être deuxième serait un échec : s’il y a une personne plus compétente que moi, mon dossier sera moins parfait. Pourtant, je n’ai pas d’objectif précis. J’aimerais juste intégrer une école de commerce post-bac ou post-prépa, ou faire une licence éco-gestion. La majorité de mes vœux sont sélectifs. C’est pour ça que je redoute de n’être prise nulle part.
Maintenant, je pense beaucoup plus à la compétition que les autres. À chaque note, je me dois de savoir qui est premier. Je vérifie constamment mon classement dans toutes les matières et je culpabilise de ne pas avoir été la meilleure. Alors qu’en soit, 0,5 point de différence, ce n’est pas grand-chose…
Ça détruit tout ce que j’ai autour de moi
J’ai toujours été perfectionniste. Je pensais que c’était une bonne chose, ça me poussait à me dépasser et à donner le meilleur de moi-même. En fin de compte, j’ai l’impression qu’être perfectionniste est en train de me détruire et de détruire tout ce que j’ai autour de moi.
Je détruis d’abord ma santé, physique et mentale. J’essaie de toujours optimiser mon temps. J’ai tendance à tout planifier en faisant en sorte de perdre le moins de temps possible. J’écoute l’actualité en me brossant les dents, je saute des dîners pour ne pas m’interrompre dans mes révisions. J’ai tendance à tout réviser, à connaître mon cours sur le bout des doigts au lieu d’apprendre ce qui est nécessaire et être efficace dans mon travail. Quitte à sacrifier mon temps de sommeil.
En plus de ça, mon sommeil n’est pas réparateur. Je réfléchis beaucoup trop à cause de mon stress. Il m’arrive souvent dans mes rêves de me retrouver en salle d’examen, et au final de tout rater car je n’avais aucune connaissance. Encore plus souvent, mon cerveau se réveille automatiquement une heure plus tôt pour réciter mon cours dans mes pensées. Je ne sais pas comment le décrire mais, à ce moment-là, je suis à la fois consciente car je peux réfléchir mais je suis aussi dans mes rêves, en train de réciter mon cours.
C’est devenu mon seul sujet de discussion
À force de cumuler toute cette anxiété, je suis de plus en plus fatiguée, j’ai de moins en moins de patience envers les autres et je suis de plus en plus énervée. J’ai en particulier remarqué mon changement de comportement auprès de ma famille. À cause de mon anxiété, je crée une atmosphère pesante lors des repas de famille. Mon seul sujet de discussion est l’anxiété à l’école. Je ne parviens plus à profiter du temps passé avec ma famille, je culpabilise de ne pas travailler. J’ai l’impression de perdre du temps. Même en regardant un film, je commence à me rappeler de mes formules en maths. Je m’empêche de partager des moments avec mes proches. Si je pars en vacances ou même pour un week-end, je sens que je perds du temps.
Même une simple sortie entre amis, c’est devenu une perte de temps dans mes révisions. Je sens que je développe une relation toxique avec eux. Je souhaite à tout le monde de réussir, mais au fond de moi, je suis « satisfaite » lorsque mes camarades ont une moins bonne note que moi. Juste le fait de penser cela me fait me sentir vraiment mal. Mais cette obstination du classement reste beaucoup plus forte. Les travaux de groupes aussi sont de plus en plus contraignants. Maintenant, les gens se lient par intérêt et comme je veux toujours avoir la meilleure note, je fais au final tout le travail au lieu de coopérer avec les autres.
SLASH – Lycéennes, Laura et Rania ont la sensation de sceller leur avenir sur Parcoursup.
J’essaie vraiment de changer ma perspective et d’accepter mes difficultés. Je me dis que personne n’est parfait. J’essaie d’être plus réaliste et de savoir ce dont je suis capable dans un temps imparti. J’essaie de passer plus de temps avec mes proches, sans culpabiliser car je ne travaille pas. Cela ne veut pas dire que tout sera réglé. Je suis consciente que, dans les études supérieures, la compétition sera plus rude et la pression encore plus grande. Mais en changeant petit à petit, j’aimerais juste transformer l’anxiété que j’ai en un bon stress pour améliorer mes capacités.
Marie, 16 ans, lycéenne, Val d’Oise
Crédit photo Pexels // CC cottonbro studio
3614 Ravel
Parcoursup et ses algorithmes te font peur ? Attends, on a trouvé pire…
En 1987, l’État lance 3614 Ravel : une plateforme pour les vœux post - bac… sur Minitel. À l’époque, elle ne concerne que les futur·es étudiant·es d’Île-de-France, région déjà submergée de demandes.
3614 Ravel est censée être une révolution, puisqu’elle permet enfin d’éviter les queues interminables pour déposer son dossier à la fac. Sauf qu’avec Ravel aussi, c’est premier·e arrivé·e, premier·e servi·e.
Résultat : la file d’attente a lieu derrière un écran, les candidat·es se connectent en même temps, le serveur est saturé et tout le monde appelle les facs par téléphone pour débloquer la situation.
3614 Ravel est tellement mal faite que l’État invente 3615 RavelInfo, une deuxième plateforme pour apprendre à maîtriser la première.Bref, les vœux post-bac en version électronique, ça fait longtemps que c’est une mauvaise idée.
Parcours sup c n importe quoi si on est malade chronique on a aucune chance même si on double d effort car on ne peu rattraper tout les controle c éliminatoire car l ordinateur n a pas de sentiment sur l efforts donnée des élèves pour leur réussite de l année.