Diane A. 03/06/2022

5/5 Je ne bois pas, je ne fume pas, je ne couche pas

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Diane profite de sa majorité toute récente, loin de l'imaginaire associé à son âge. Loin des drogues, du sexe, et des soirées en boîte jusqu’au petit matin.

Dans les médias et dans les séries Netflix, les jeunes fument et boivent, ont des partenaires de toujours ou d’un soir. Je ne fais rien de tout cela. Je suis une jeune femme qui aura 20 ans cette année. Une étudiante en psychologie. Je suis au paroxysme de ma beauté pour les magazines de femmes. Je suis au pic de ma liberté, de mon énergie, de mon courage, de mon jus de vie. Je suis une jeune anodine mais qui se sent différente de la représentation que l’on se fait de la jeunesse.

Je ne sors pas en boîte de nuit, je ne bois pas à devenir bourrée et à oublier ce qu’il s’est passé la veille, je ne couche pas et je ne fume pas. Pas pour pouvoir me vanter de vivre une meilleure jeunesse que mes semblables, mais car tout cela est si stigmatisé dans mon éducation que je me l’interdis systématiquement.

Aller en soirée, c’est s’exposer au danger

Je me sens mal à l’aise à l’idée qu’être jeune puisse signifier passer ses nuits à fumer des joints ou aller en soirée. Pour moi, c’est signe de danger. Je me dis que mes amis ne veulent pas forcément mon bien, que peut-être on peut mettre un truc bizarre dans mon verre ou que je peux être bourrée si je ne sais pas boire et être victime d’agression sexuelle. En réalité, cela ne risque pas d’arriver parce que je ne suis jamais invitée aux soirées. C’est une conséquence de ne pas fréquenter les personnes populaires.

Ma mère est à l’origine de cette éducation stricte. Étant issue d’une culture chrétienne et conservatrice, en tant que fille, il serait bizarre de me permettre des folies la nuit car je dois « faire attention » et me « préserver », comme elle me l’a fait comprendre. Avant d’entrer à la fac, je n’étais pas autorisée à dormir chez mes copines, ni sortir la nuit. Après les cours, je devais rentrer directement à la maison, je ne devais pas me vêtir trop « provoquant », et je devais me limiter à des relations purement amicales avec la gent masculine.

Un jour, j’ai pris du temps pour rentrer après les cours avec mon ancienne meilleure amie qui avait une éducation stricte aussi, voire plus que la mienne. On discutait beaucoup, tellement qu’on a pris plus d’une heure pour rentrer. C’était un mercredi, et ma mère savait que je finissais à midi. Elle m’attendait comme à son habitude, mais cette fois je suis rentrée vers 14 heures. C’était très grave pour elle, elle m’a passé un savon. Pour moi, ce n’était rien du tout, je ne comprenais pas où était le mal. Ma mère s’inquiétait mais, pour moi, j’étais en seconde donc il n’y avait pas de souci à se faire.

Mon style d’éducation m’évite des traumas

Je ne dirais pas que je ne suis pas reconnaissante de cette éducation car elle m’a évité un tas de problèmes ! Lorsque j’écoute les mésaventures de mes amies, je me dis « Dieu merci, ce n’était pas moi ! », et que mon style d’éducation m’évite des traumas inutiles. Une fois, une copine m’a confié qu’elle regrettait un acte sexuel qu’elle avait eu lors d’une soirée car son partenaire n’avait pas été soucieux d’elle et elle était complètement bourrée. Mais, parfois, ces histoires me donnent envie de vivre pleinement et abondamment, sans aucune peur du danger et des conséquences.

Une fois, une amie m’a raconté que ses parents la laissaient héberger ses amis pour faire des nuits blanches. Ça m’a donné envie. Elle pouvait intensifier les liens avec ses copines car, la nuit, tout est plus intense. D’un autre côté, elle et ses copines étaient sûrement trop bourrées pour faire quoi que ce soit.

Une éducation « arriérée » ? Non, protectrice

Mon éducation stricte vient d’une bonne intention. Je comprends qu’elle m’a été inculquée pour me protéger, et non m’emprisonner. Avant, je pensais être retenue par cette façon de penser que je jugeais « arriérée ». Ces impressions de ne pas « vivre comme les autres jeunes » me viennent souvent la nuit, lors de cogitations.

J’ai fait part de ce sentiment à mon ami de longue date. Il était choqué que je puisse penser qu’il n’y avait qu’une seule manière de s’amuser. Il voulait me montrer qu’on pouvait « s’amuser à notre manière », c’est-à-dire sans défier les interdits ni pêcher (car il est très chrétien). On a donc fait une sortie sur Paris la nuit avec pour objectif de conquérir ce sentiment de vivre pleinement.

J’ai appris à vivre en soirée à ma manière

Cette nuit était magique : on a chanté à pleine voix sur les hits de Michael Jackson à fond les EarPods, on a dansé en imitant les concerts endiablés de Beyoncé et, enfin, on a défié notre couvre-feu qu’on avait au lycée en rentrant à 1 heure du matin ! L’objectif était atteint : on avait vécu pleinement notre jeunesse. C’était euphorie, excitation, rires, amusements, sans alcool, drogues ni sexe.

SÉRIE 1/5  – Maëlle a vécu à Mayotte. Le département français le plus pauvre et le plus déprécié, mais aussi le théâtre de ses escapades nocturnes.

Capture d'écran de l'illustration de l'article "Mes nuits blanches à Mayotte", de Maëlle M., avec le titre écrit dessus. Dans une ambiance bleue tamisée, des jeunes personnes dansent sur le dancefloor d'une boîte de nuit. Son nom s'affiche en arrière plan : le Mahaba.

À pied, on a observé les rues de Paris avec sa diversité et ses nombreux couples. Il y avait des concerts improvisés, des touristes qui se prenaient en photo devant la Tour Eiffel. C’était pendant un hiver froid, mais on ne le sentait pas car la chaleur de l’amitié était là. La musique était si forte que la danse était décomplexée. Il dansait comme si personne ou tout le monde le regardait et l’adorait, comme sur une scène de concert, comme Michael Jackson dans le clip de Dirty Diana.

Diane, 19 ans, étudiante, Paris

Illustration © Léa Ciesco (@oscael_)

 

En soirée, évitons le danger

 

Faire la fête, c’est cool. En limitant les risques, c’est mieux ! Si vous et/ou vos ami·es consommez des drogues en soirée, voici quelques recommandations pour réduire les risques :

 

– Boire régulièrement de l’eau, en petite quantité

– Éviter de consommer seul·e, plutôt avec des personnes de confiance qui prendront soin de vous en cas de problème

Espacer les prises / les verres

– Ne partager aucun matériel d’injection et utiliser du matériel stérilisé pour éviter la transmission de maladies

– Éviter de mélanger plusieurs substances. À noter : l’alcool amplifie l’effet des drogues

– Faire attention à la composition des produits : beaucoup de drogues sont coupées avec des substances dangereuses.

 

Et surtout : ne prenez pas de substances sous pression. Personne n’a le droit de vous forcer à vous droguer.

 

Pour avoir le détail des effets des différentes substances et obtenir des conseils pour réduire les risques, l’association Techno Plus vous informe ici.

Si votre consommation vous inquiète ou si vous avez des questions, vous pouvez appeler Drogues Info service : 0 800 23 13 13. Il existe aussi des consultations gratuites et anonymes. Voici la liste en Île-de-France.

 

En cas d’urgence, appelez le 15 ou le 18

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