Refusée partout, je veux créer ma boîte
« Désolé, on ne peut plus t’accepter pour l’alternance. » C’est ce que le recruteur de l’entreprise que je devais intégrer m’a dit. Je passais des vacances paisibles au Maroc lorsqu’il m’a appelée. Ce jour-là tout s’est chamboulé dans ma tête. J’étais dégoûtée. J’avais pas la foi de parler.
Mes vacances étaient détruites. C’était dur pour moi de rentrer en France alors que j’étais sûre d’avoir été acceptée.
Avant ça, j’avais déjà postulé à une vingtaine de cabinets. Mais toutes les portes étaient fermées, pour une raison que j’ignore. Ce dernier refus, c’était la fois de trop. J’ai baissé les bras. C’était mon dernier jour en tant qu’étudiante. À partir de ce jour, c’était moi, et que moi. J’avais besoin de me reposer et de me sentir bien mentalement.
Ma mère me stresse, mon père m’encourage
Pour ma mère, c’était juste moi qui voulais arrêter les études. Alors que c’est le fait que presque toutes les entreprises m’aient fermé la porte qui m’a dégoûtée. Elles m’ont fait comprendre que je n’avais pas ma place chez elles.
Il y a deux mois, j’ai discuté avec mon père. Il m’a encouragé à créer ma propre entreprise. Ça m’a motivé. J’avais deux idées en tête : agence de voyage ou auto-école. Mais pour faire ces métiers, il faut environ trois ans d’attente. Je n’allais pas rester les bras croisés pendant tout ce temps. J’ai donc décidé de faire une formation d’agent d’escale le temps que ma création de dossier soit finie et complète.
Créer ma boîte, contre les discriminations
J’ai fait le choix de créer ma boîte parce que j’ai remarqué que dans plusieurs métiers, il n’y a pas de diversité. Et c’est ça qui m’a fait du mal. Parce que le plus triste dans cette histoire, c’est que pour les études, je me suis privé d’une chose qui comptait vraiment pour moi : le voile. Je me suis dit qu’il valait mieux ne pas le mettre. Mais au final, je n’ai même pas pu accomplir ce que je voulais faire.
J’ai pas envie que d’autres personnes subissent des choses à cause de leurs religions ou autres. J’ai décidé de suivre mon projet : créer ma propre entreprise, où il n’y aura pas de discrimination. Je regarderai les compétences de la personne et ses diplômes, et non pas leur origine ou ce qu’elles portent. Je veux faire ma propre loi, et non la loi de la discrimination.
Salia, 19 ans, en recherche d’emploi, Paris