Myriam S. 05/12/2022

2/5 J’ai décidé de le porter

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Myriam a longtemps refusé de porter le voile, malgré les pressions de son père. En se documentant sur sa religion, elle a changé d’avis.

Mon père voulait que je porte le voile depuis mes 10 ans, mais je n’avais aucune envie et je ne voyais aucun intérêt à le faire. Il me mettait la pression, on se disputait, mais je refusais de le porter.

Dans ma famille, maternelle comme paternelle, la religion est obligatoire et est très importante. En grandissant, je me suis rendu compte que je la pratiquais sans avoir eu d’explications. Je faisais la prière, le ramadan, l’Aïd, mais je ne connaissais rien à cette religion, je n’en connaissais pas l’histoire. Je n’avais aucune motivation.

Une religion magnifique

J’ai donc décidé d’acheter des livres numériques sur l’islam et de les lire sur mon téléphone. En me renseignant, je me suis rendu compte que cette religion était magnifique. Après ça, je pratiquais mieux la prière.

Une nuit, j’étais mal, par rapport à des problèmes personnels. J’ai donc prié et je me suis confiée à Dieu, je me suis tellement sentie bien que je me suis endormie à la seconde. Le lendemain, j’ai pris la décision de me voiler et de me consacrer à ma religion.

Pour moi, le voile signifie que je me soumets à mon créateur. Ça représente la sagesse, la beauté d’une femme sans regarder son physique. Un matin, je l’ai mis sur mes cheveux, je me suis regardée dans le miroir et je me suis trouvée plus belle qu’avant. Je me suis sentie apaisée, et enfin moi-même.

Assumer ma décision

Ce jour-là, je suis sortie et j’ai jeté à la poubelle la Myriam d’avant pour entamer une nouvelle vie.

Au début, je n’en ai parlé à personne. J’avais déjà un voile que je mettais pour prier chez moi ou à la mosquée, donc j’ai mis celui-là à ma manière, et je suis sortie. Ce matin-là, j’étais en retard, personne ne m’a vue arriver avec.

À l’école, des filles de ma classe m’ont appris à le porter correctement. Après les cours, quand je l’ai remis, je me suis sentie bien. C’est comme s’il m’avait manqué quelque chose toute la journée. Une fois rentrée chez moi, j’ai expliqué à ma mère que j’avais pris la décision de me voiler. Elle était plutôt fière de moi, comme le reste de ma famille quand je leur ai dit.

Ignorer les regards et les remarques

À la télé, on entend que du mal de l’islam, les musulmans seraient des terroristes ou des gens malveillants. Ça ne m’atteint pas vraiment. C’est tellement déconnecté de la réalité.

SÉRIE 3/5 – Nas a quitté ses crop tops pour porter le voile. Depuis, elle sent le poids des regards sur elle. Elle a du mal à comprendre ce qui dérange.

Porter le voile c’est dur dans la vie de tous les jours, car on est souvent jugée, rabaissée ou insultée, mais rarement complimentée. Je ne comprends pas : on ne fait aucun mal, et pourtant… Dès le premier jour, une femme a crié devant tout le monde que je la dérangeais. « Dégage d’ici avec ton voile ! Retourne là d’où tu viens et enlève ce chiffon de ta tête. » Depuis, presque tous les jours, j’ai eu à faire à des réactions désagréables.

J’ai parlé de tout cela avec ma grand-mère. Elle m’a dit que c’était des épreuves de la vie et qu’il ne fallait pas s’arrêter à ça. Si on s’attarde sur chaque regard que l’on croise, on n’avancera jamais.

Myriam, 17 ans, lycéenne, Marseille

Illustration © Merieme Mesfioui (@durga.maya)

 

 

Peut-on porter le voile en entreprise ? 

Les agentes du service public ne peuvent pas porter de foulard sur leur lieu de travail au nom de la neutralité. Mais, dans le privé, c’est plus compliqué. Une entreprise ne peut pas interdire le port du voile, sauf si le patron a fait rajouter une clause spécifique dans son règlement intérieur (pour des questions d’hygiène ou de sécurité, par exemple).

Sur YouTube, Safaa et toi donne des conseils à celles qui portent le hijab et qui cherchent du travail.

Et à l’école ? 

De l’école au lycée public, les élèves n’ont pas le droit de porter le foulard, ni un autre signe religieux, depuis 2004. Dans le privé, ça dépend du règlement de chaque établissement. Dans l’enseignement supérieur, les étudiant·es sont considéré·es comme des adultes et sont donc libres de leurs tenues, n’en déplaise à quelques politiques et enseignant·es.

Comment se défendre ? 

Refuser d’embaucher quelqu’un à cause de sa religion ou de son foulard, c’est illégal mais ça ne veut pas dire que les patrons ne le font pas. Si tu estimes être victime de discrimination au travail comme ailleurs, les juristes de la plateforme antidiscriminations.fr proposent une aide gratuite pour te défendre et être accompagné·e par le Défenseur des droits.

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